Témoignage donné par le Père Christian Forster, ancien curé de l’église saint Michel de Dijon († 2013) à l’occasion de la célébration du 4ème centenaire de l’implantation du Carmel en France, le 1er novembre 2004 au Carmel de Flavignerot.
Coucher de soleilAujourd’hui encore, il faut nous réjouir de ce que le Carmel réformé par sainte Thérèse ait été ainsi implanté en France et particulièrement à Dijon, dans une telle atmosphère spirituelle et surnaturelle. C’est un cadeau précieux de la part de Dieu. Et, pour le carmel en ce temps-là, une chance sans doute d’échapper par une sorte de revitalisation aux faiblesses qu’il traversait alors en Espagne. Nous mesurons sans doute assez mal la richesse chrétienne de témoignage que représente dans notre société le fait que des femmes acceptent, non seulement de tout quitter sur la parole d’un amour manifesté au monde, mais qu'elles misent toute leur existence sur la radicalité de la rencontre, silencieuse mais éblouissante, de Celui qui a délivré, un jour, sur notre terre, cette Parole. Il est également capital pour les chrétiens que des religieux cloîtrés, pour nous aujourd’hui des femmes, des carmélites, saines d’esprit, puissent attester, même en petit nombre, de la rencontre possible avec le Christ vivant, dès ici-bas, comme le fait si exceptionnellement la Madre Teresa dans son autobiographie. Il nous est indispensable, à nous tous, qui sommes des chrétiens du quotidien à la foi un peu pauvre, gens « de peu de foi », que quelques êtres aient effectivement trouvé le trésor et la perle pour laquelle ils ou elles ont vendu tous leurs biens. Toutes ne peuvent pas être la grande ou la petite Thérèse, ni la fulgurante Elisabeth, mais leur existence et leur choix donnent à la grâce de Dieu la possibilité qu’existent ces expériences d’exception, à côté d’ailleurs de bien d’autres, plus secrètes et pas nécessairement moins profondes. Rendons gloire et grâce à Dieu pour ce qu’il fait encore chez nous, par le Carmel venu d’Espagne quatre cents années plus tôt.