Bienvenue au Carmel

L’Avent est le temps de l’Espérance par excellence et c’est avec saint Jean de la Croix que nous fêtons le 14 décembre que nous conclurons notre marche et notre année jubilaire.
Dans ses traités, Jean a longuement parlé de l’Espérance comme d’une vertu qui, uni à la Foi et à la Charité, nous dépouille de tout attachement terrestre pour nous attirer dans notre demeure d’éternité, invitant l’âme de tout croyant à s’en revêtir comme d’un déguisement propre à la garantir des ruses de l’ennemi : la tunique blanche de la Foi, la robe verte de l’Espérance, le pourpoint rouge de la Charité.
Mais pour Jean, l’Espérance a surtout un nom et un visage : Jésus. Jésus qui a été sa seule espérancedans la misère de sa jeunesse comme dans le cachot de Tolède ; son seul appui contre les calomnies et les persécutions qui ont éprouvé ses derniers jours ; sa force et sa joie dans les terribles souffrance de sa dernière maladie. Mettons-nous donc à l’école de Jean de la Croix et dans une espérance confiante contemplons Celui qui vient pour tout sauver.

Dans le Christ Jean contemple notre création comme un acte d’amour du Dieu qui de toute éternité nous a désirés, aimés ; comme l’assurance que c’est vers cet amour que tend toute notre vie :
« Une épouse qui t’aime,
mon Fils j’aimerais te donner.
Qui grâce à toi mérite
de nous tenir compagnie
et de manger le pain à une même table,
de ce même pain que moi je mangeais,
pour qu’elle connaisse les biens
qu’en un tel Fils je possède
et qu’elle se réjouisse avec moi
de ta grâce et de ta vigueur.»
(Romance 3)

Dans le Christ marchant à nos côtés, Jean contemple le Dieu doux et humble de cœur venu non pour les justes mais pour les pécheurs:
« Les hommes possédaient l’Epoux dans l’espérance de foi que Dieu leur infusait, en leur disant que le temps viendrait où il les grandirait et que leur bassesse il élèverait en sorte que personne plus ne la reprocherait, parce qu’en tout semblable à eux il se ferait, et qu’il s’en viendrait avec eux, et avec eux habiterait ; et que Dieu serait homme et que l’homme Dieu serait, et qu’il parlerait avec eux, mangerait et boirait ; et qu’avec eux sans cesse lui-même il resterait jusqu’à la consommation de ce siècle qui courait, quand ils se réjouiraient ensemble en éternelle mélodie. » (Romance 4)

Dans le Christ, Jean contemple la réalisation des promesses du Père, l’exaucement de la longue prière des hommes de désir :
« Nuit et jour ils le priaient qu’enfin il se déterminât à leur donner sa compagnie. Les uns disaient : « Oh ! si venait de mon temps la joie ! » D’autres : « Achèves Seigneur, celui que tu dois envoyer, envoie-le ! » […] D’autres disaient : « Oh ! bienheureux celui qui en tel temps vivrait où il mériterait de voir Dieu avec les yeux qu’il avait, de le toucher de ses mains, de marcher en sa compagnie et de jouir des mystères qu’alors il disposerait ![...] L’Esprit Saint au vieillard Siméon répondait qu’il lui donnait sa parole que la mort il ne verrait avant qu’il ne vit la vie qui d’en haut descendait, et que dans ses propres mains Dieu lui-même il prendrait, qu’il le tiendrait dans ses bras et lui-même l’embrasserait. » (Romances 5 et 6)

Dans le Christ, Jean contemple l’amour infini d’un Dieu qui s’abaisse jusqu’à notre misère pour la transformer en feu et nous conduire au Père :
« Le Père avec un tendre amour disait au Fils : ‘Dans les amours parfaites cette loi était nécessaire que devienne semblable l’amant à celle qu’il aimait, car plus grand ressemblance plus grande joie contient, laquelle, sans doute, en ton épouse grandement croîtrait si elle te voyait semblable par la chair qu’elle possédait.’ – ‘Ma volonté est la tienne, le Fils répondait, car de cette manière ta bonté mieux se verrait. On verra ta grande puissance, ta justice et ta sagesse ; j’irai le dire au monde et lui ferai connaître ta beauté et ta douceur, et ta souveraineté. J’irai chercher mon épouse et sur moi je prendrais ses fatigues et ses peines, dans lesquelles tant elle souffrait, et pour qu’elle ait la vie, pour elle je mourrais, et, la tirant de la fosse, à toi je l’amènerais. » (Romance 7)

Dans le Christ, Jean contemple Celui qui s’est fait en tout semblable à nous, jusque dans notre faiblesse, pour nous rendre semblables à Lui et nous faire vivre de sa Vie :
« Maintenant qu’était arrivé le temps où naître il devait, comme un époux il sortait de la chambre nuptiale, embrassant son épouse, dans ses bras il la portait, lui que la gracieuse Mère dans une crèche déposait entre d’aucuns animaux qui d’aventure, là se trouvaient. Les hommes disaient des cantiques, les anges une mélodie, fêtant les épousailles qui entre les deux faisaient. Mais Dieu là, dans la crèche, pleurait et gémissait : c’étaient les joyaux que l’épouse aux noces apportait. Et la Mère s’émerveillait, de ce qu’un tel échange elle voyait : les pleurs de l’homme en Dieu et dans l’homme l’allégresse ; chose qui à l’un et à l’autre si étrangère d’ordinaire était...» (Romance 9)

Avec Jean gardons dans notre cœur les paroles de lumière et d’amour qui ont jaillit de son attente et de sa contemplation amoureuse de Jésus Sauveur :
« Jamais ne m’ôteras, ce que tu m’as donné en Jésus ton Unique.
En Lui tu m’as comblé selon tout mon désir !
Mon Dieu, ma Joie, tu ne tarderas pas, si moi j’attends… »
(Prière de l’âme embrasée d’amour)