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  • Soeurs en prière

    Devant Dieu pour Tous

Madame Acarie

Pour comprendre comment les sœurs sont arrivées en 1605, il faut revenir quelques années en arrière au moment de la venue des carmélites en France, puisque Dijon fut la troisième fondation après Paris et Pontoise.

L’expédition espagnole

Dès l’origine, Thérèse d’Avila, en lançant sa réforme du Carmel en 1562, visait le salut de la France dont la santé spirituelle et « les coups portés à la foi catholique » la préoccupaient : « J’aurais donné mille fois ma vie pour sauver une seule des âmes qui s’y perdaient ». Madame Acarie, jeune mère de famille tenant un "dévôt" salon parisien, avait voulu, la première, faire venir ici cette réforme. Elle en avait été inspirée par une vision de sainte Thérèse elle-même (1602) et encouragée par François de Sales qu'elle fréquentait. Dans cette intention, elle a fondé « La petite Congrégation Sainte Geneviève » qui doit préparer les novices des futurs Carmels.

Monsieur de Bretigny

Un ami, Monsieur de Brétigny, un saint prêtre né à Rouen, qui avait de la famille en Espagne, où il avait passé sa jeunesse, se mit de la partie car il désirait lui aussi implanter le Carmel réformé en France et il disposait d’une fortune considérable. C’était un passionné de Thérèse d’Avila. Depuis près de vingt ans il essayait d’implanter le carmel en France, sans y parvenir.
Il faut ajouter le Cardinal de Bérulle, fortement marqué par la mystique de Thérèse tout entière centrée sur la personne du Christ, André Duval, professeur au Collège royal et Jacques Gallemant, curé d'Aumale.

Le projet fut arrêté d’aller chercher, en Espagne, quelques sœurs pour être sûr d’implanter ici le véritable esprit du Carmel. On voulait donc faire une greffe et ne pas se contenter d’appliquer les Constitutions.
C’est alors que le roman commence pour un voyage de plus d’un an, comme un véritable récit d’aventures avec contretemps, dangers de mort, accidents, miracles …

Caravelle

Les membres de l’expédition

Monsieur de Brétigny se met donc en route avec son serviteur, et trois dames : Madame Jourdain, une veuve pleine de vertus, Marie de Quesada, (cousine de Monsieur de Bretigny), enfin, Rose Lesgu, une bonne fille d’Orléans. Un avocat réputé, conseiller du Roi, Monsieur Gaultier était porteur des lettres patentes du roi Henri IV autorisant l’installation du Carmel en France.

Carte du voyage en Espagne

Un parcours chaotique

Le départ est fixé au 23 sept 1603 et s’effectue dans le plus grand secret à cause de la situation tendue en France et pour éviter les ennuis. A Saint Nazaire, où ils devaient embarquer pour l’Espagne, une mer impossible cloue les voyageurs sur place pendant six semaines et lorsqu’ils profitent d’un temps favorable, une violente tempête survenue brusquement leur fait craindre un naufrage.

Finalement ils abordent au port de Laredo le 20 novembre où ils commencent un périple à dos de mules jusqu’à Burgos puis Valladolid, logeant dans de mauvaises auberges, affrontant le mauvais temps, les fièvres et autres incommodités, et les dangers de chemins escarpés avec le risque de voir les mules tomber dans le précipice... Là, la petite troupe fait halte quelques temps et prend contact avec les carmélites, très heureuse d’en voir « pour de vrai ». Nouvel incident : le Père Général des Carmes refuse son autorisation ! Il faut que le Nonce le menace sérieusement pour obtenir de lui que six sœurs partiraient pour la France, dont deux qui avaient connu la Madre et qu’elle avait en grande estime : Anne de Jésus, prieure de Salamanque et Anne de saint Barthélemy, qu’elle avait gardée dix-sept ans auprès d’elle avant de mourir dans ses bras.

Chariot de voyage

Le chemin du retour vers la France

Enfin le 12 août 1604, on peut aller chercher les sœurs : trois de Salamanque (Anne de Jésus, Béatrice de la Conception et Isabelle des Anges), une d’Avila (Anne de saint Barthélemy), une de Cuergos (Eléonore de saint Bernard) et Isabelle de saint Paul de Burgos. Et l’on se remet en route dans les mêmes conditions qu’à l’aller mais cette fois-ci par la terre : Irun, Saint Jean de Luz, Bayonne, Orléans et enfin Paris, le 15 octobre. Le 17, les carmélites entrent au Couvent de Notre-Dame des Champs, préparé pour elles par les soins de Madame Acarie et peuvent y chanter le Psaume 116 : « Louez le Seigneur tous les peuples ! ». Le Carmel est né en France et va se développer rapidement, la greffe a réussi.

Ancienne gravure du Carmel

Le carmel de Dijon

Une dame veuve d’un certain âge, pieuse et pleine de bonnes intentions, se nommait Jeanne Chevrier. Elle avait de nombreuses relations, était alliée à quelques notables du parlement et demeurait dans une maison assez modeste. Elle entendit parler de l’arrivée de carmélites espagnoles, filles de la Mère Thérèse, et de l’établissement à Paris le 17 octobre 1604 d’un Carmel fondé, protégé et fréquenté par les grands de la Cour. On disait merveille des nouvelles carmélites et Jeanne Chevrier voulut aussitôt en doter sa ville. Dès le mois de mai 1605, la voici à Paris pour négocier l’affaire. Elle offrait sa maison – « petite, étroite et mal aérée », disent les Chroniques –, ses rentes – fort maigres –, et aussi sa personne – pieuse mais d’esprit borné et obstiné… Mais la mère Anne de Jésus, déçue d’avoir vu construire à Paris un immense couvent de 48 cellules, fut ravie de la proposition, car cette fondation en totale pauvreté lui rappelait celles de la Mère Thérèse. Elle ne prit pas garde au caractère de la donatrice et ne tint pas compte de l’avis de Sœur Louise de Jésus (ex Madame Jourdain), qui avait pris part au périlleux voyage qui les avait amenées d’Espagne : « Voyez-vous, ma Mère, lui avait-elle dit, ces vieilles dévotes, en France, sont ordinairement des entêtées, attachées à leurs dévotions ; on n’en fera rien qui vaille : ne m’en parlez point ».

Façade du premier Carmel à Dijon

Ayant obtenu le 20 juin l’autorisation de l’évêque de Langres, monseigneur d’Escars, dont dépendait alors Dijon, et le 19 août suivant celle du Conseil de la Ville de Dijon, mère Anne de Jésus se mit en route le 15 septembre avec sept compagnes : les deux sœurs espagnoles qu’elle avait emmenées de Salamanque avec elle : Isabelle des Anges qui serait sous-prieure, et Béatrice de la Conception maîtresse des novices, puis trois novices françaises : Marie de la Trinité (d’Hannivel), qui servait d’interprète, Françoise de la Croix et Marie de saint Albert, ainsi que deux postulantes qui deviendront Thérèse de Jésus (Mercier) et Catherine des Anges. Deux ecclésiastiques : Monsieur Gallemant, comme supérieur, et Monsieur de Brétigny. Dès avant le départ commencèrent épreuves et miracles : à commencer par la maladie d’une novice, subitement guérie sur l'injonction de la Mère. Le récit rapporte qu’elles firent un crochet par Clervaux pour vénérer les reliques de saint Bernard, et manquèrent de tomber dans un précipice ! Enfin elles arrivèrent à Dijon le 20 septembre, le Grand Vicaire vint les saluer et les bénir de la part de l’évêque de Langres, on chanta le psaume « Louez le Seigneur tous les peuples ! » selon la coutume de Sainte Thérèse. Le lendemain, fête de saint Matthieu, fut célébrée la messe et le monastère fut dédié à saint Joseph selon la grande dévotion de Thérèse. La maison était si minuscule que les sœurs devaient toutes coucher dans la même pièce, et la Mère, bien qu’excellente organisatrice et amoureuse de la pauvreté, eut bien du mal à tout arranger pour faire une chapelle et donner au logis une forme de monastère. Enfin, pour un commencement tout semblait aller pour le mieux… dans l’abnégation et la joie thérésienne.

Christ de la façade du premier Carmel de Dijon

Dieu mène ses affaires

A parcourir toutes les péripéties de ce voyage aller retour de Paris en Espagne, puis celui pour Dijon, on est saisi par l’impression que cette entreprise secrète, portée par une grande ferveur religieuse, et entourée d’anecdotes surprenantes voire miraculeuses, est, en réalité, tout autre chose que la volonté de quelques-uns. C’est une œuvre inspirée et portée par Dieu, dans l’atmosphère d’un combat spirituel entre les forces des ténèbres qui veulent s’y opposer et la présence apaisante et indéfectible de Dieu qui la fait réussir. Ce ne sont pas, en effet, simplement les mauvaises conditions atmosphériques, l’état lamentable des chemins de l’époque, la difficulté de traverser les montagnes en hiver qui expliquent l’accumulation surprenante des embûches de ce double voyage. La bonne humeur des gens embarqués, leur vie spirituelle soutenue même dans ces conditions pénibles, leur acceptation complètement étonnante de l’inconfort, des conditions minimales d’hygiène, de la faim, et du froid sont, pour nous, tout à fait admirables, presque surhumaines. Les quelques accidents qui auraient pu être mortels, miraculeusement évités ou réparés, la force de la prière dans plusieurs cas, montrent la présence cachée de Dieu qui veut voir aboutir ce projet, sans pour autant abstraire les conditions de sa réalisation, du réalisme de l’époque. Cela doit nous porter à l’admiration de l’action divine et à l’action de grâce. Nous avons sous les yeux la réalisation d’un véritable projet missionnaire où Dieu s’engage et ne se laisse arrêter par rien, sans supprimer les obstacles. Et aujourd'hui son œuvre se poursuit : notre temps, comme celui du XVIIe siècle, est un moment favorable pour répondre à l'appel de Dieu et se mettre à son service dans la joie de faire connaître son visage d'amour et sa présence au cœur de notre histoire.

Les carmélites venues d'Espagne

Anne de Jésus

Anne de Jésus
"J’essaie de leur faire regarder et imiter Notre Seigneur Jésus Christ."

nne de Saint Barthelemy

Anne de saint Barthélemy
"Si nous voulons réussir
à marcher tout droit
vers la perfection
que nous cherchons
et à laquelle
nous sommes appelées,
prenons notre Sainte Mère
pour avocate."

nne de Saint Barthelemy

Isabelle de saint Paul
Elle aima les Françaises
autant qu’elle en fut aimée.

Isabelle des anges

Isabelle des anges

Les premières carmélites françaises

Marie de la Trinité

Marie de la Trinité
Première professe
Prononça ses vœux
le 1er novembre 1605 à Dijon
pour le monastère de Paris



Françoise de la Croix
Première professe de Dijon
le 18 janvier 1606



Louise de Jésus
Première prieure française
et première prieure à Dijon
en 1607 après Anne de Jésus

Madelaine de Saint Joseph

Madeleine de saint Joseph
Première prieure française au Carmel de Paris
"Nous devons une grande fidélité à Dieu dans les petites choses. Que votre âme puise en joie les eaux salutaires de la grâce dans les fontaines du Sauveur."